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                           PARADIS 
                          
                            
                          
                          
                          voix fleur
                            lumière écho des lumières cascade jetée dans le noir chanvre écorcé filet dès
                            le début c'est perdu plus bas je serrais ses mains fermées de sommeil et le
                            courant s'engorgea redevint starter le fleuve la cité des saules soie d'argent
                            sortie du papier jute lin roseau riz plume coton dans l'écume 325 lumen de lumine en 900 remplacement des monnaies 1294 extension
                            persane après c'est tout droit jusqu'à nos deltas ma fantaisie pour l'instant
                            est de tout arrêter de passer les lignes à la nage brise matin feu lacs miroirs
                            brouillant les feuillages calme d'eau marée on ne sait jamais l'aborder
                            pourtant j'ai commencé je commence je prends la sphère commencée j'en viens j'y revais j'y vais commencement commencé tendu affalé
                            sur elle et tenant ses poings dans mes mains elle dormait sec comme un caillou
                            débranché piqué dans son rêve et moi pensant xanadu voûte caverne mer sans soleil vagin sans retour et jamais atteint jardins
                            ruisseaux sinueux arbres d'encens à clairières quel ravin pour s'y détendre au
                            milieu de la nuit couverte dancing rocks and mazy motion voilà la fontaine limite génitale de l'homme flos florum dôme ensoleillé près des caves de glace
                            comment se nourrir de rosée lactée il est rare de saisir ainsi le saisissement
                            dans l'insaisissable on dirait qu'un muscle s'avertit de laisser filer traînée
                            brune gazeuse fissurée dorée allons allons puisque je
                            vous dis que ça veut pas s'inscrire ils ont cru un moment l'isoler sous forme
                            de poches halo bleuté d'atmosphère énergie éponge de l'anti-cancer yeux gris-bleu
                            matière des matières impossible donc d'arriver comme une fleur et de dire j'y
                            fus j'y étais j'y est je m'y fus j'y serai j'irai bien avant abraham lui-même raconté coupé décompté or c'est pas pour
                            rien cependant que j'ai eu ce rêve en collier touches dentées piochées en
                            faisceau de pinces me sautant au cou pour percer fouiller dégrafer une lutte à
                            mort je vous dis pour me l'enlever la mâchoire c'est sanglant partout ça coule
                            partout c'est drôlement gardé la contrée quant aux autres je les vois brûler
                            non non je ne les vois pas je les pense non je ne les
                            pense pas ça se passe de moi contre moi poussière légère cendreuse légère
                            poussière impalpable détour de poussière et toujours encore et toujours tenus
                            avec ce rictus ils se dressent flammes poussières et flammes poussières faut-il
                            manger ce temps qui s'ébrèche qui s'ampute à brèche faut-il le longer le crever
                            s'y plonger ou s'en détourner en réalité aristote dit
                            que la tragédie remonte aux dithyrambes et la comédie aux chants phalliques
                            mais phallus on l'a dit qu'en 1615 peu employé avant le 19e marrant ça je
                            savais pas tu comprends je ne peux pas considérer comme libre un être n'ayant
                            pas le désir de trancher en lui les liens du langage 
  ... 
   
  
                            
                          Sollers au Paradis (extrait) réalisé par Jean-Paul Fargier, 1983 
                            
                            
                            
                            
                            
                          soleil voix
                            lumière écho des lumières soleil cœur lumière rouleau des lumières moi dessous dessous maintenant toujours plus dessous par-dessous
                            toujours plus dérobé plus caché de plus en plus replié discret sans cesse en
                            train d’écouter de s’en aller de couler de tourner monter s’imprimer voler
                            soleil cœur  point cœur point de cœur
                            passant par le cœur  il va falloir
                            rester réveillé maintenant absolument réveillé volonté rentrée répétée le temps
                            de quitter ce cœur  simplement le
                            temps qu’il se mette enfin comme il voudra quand il voudra de la dure ou douce
                            façon qu’il voudra bien peu de choses en vérité n’est-ce pas poussière de
                            poussière bien peu très très peu comme on exagère
                            comme on a tendance à grossir tout ça moi-moi-moi en vérité presque rien
                            côtoiement d’illusion couverture du cœur d’illusion aujourd’hui j’écris
                            aujourd’hui et aujourd’hui j’écris le cœur d’aujourd’hui et hier j’écrivais
                            aujourd’hui et demain j’écrirai aujourd'hui c'est vraiment aujourd'hui et rien
                            qu'aujourd'hui on devrait l'écrire aujournuit différente manière d'être à jour en suivant ses nuits dans la nuit salle de
                            séjour noire bleue blanche j'attends le vide à sa tranche qu'il décide ou non
                            de bouger de claquer si je reste comme ça réveillé le coup va venir c'est fini
                            le coup va revenir cette fois vraiment c'est fini un deux trois pas tout à fait
                            trois et de nouveau un deux et puis trois on est au cœur du cœur maintenant
                            dans le cœur du cœur battant se taisant c'est lui qui creuse c'est lui qui
                            poursuit c'est lui qui sait ce qu'il faut savoir pour continuer dans la nuit on
                            n'ira jamais assez vite pour coïncider avec lui pour rejoindre son instinct
                            fibre sa folie un muscle dites-vous seulement un muscle au fond d'après vous
                            soleil cœur voix cœur germe en lui de lui tout en lui voilà le vent s'est levé
                            de nouveau maintenant et je suis là de nouveau comme écrivant le temps de
                            nouveau comme si le temps pouvait n'être rien d'autre que des lignes recoupant
                            des lignes à la ligne là comme au bout du monde ne tenant plus que par un bout
                            de bord à ce monde droites diagonales angles cadrans demi-cercles rayons
                            revenant au centre cours des astres reflétés comme ça par le centre danse en
                            cours avec moi reflet du danseur dans la nuit moi spectre et moi poison d'ombre
                            moi squelette abstrait mangé par son ombre pas tout à fait cependant pas encore
                            tout à fait déclic sursaut nerfs juste assez pour tracer conduit ce qui suit voilà
                            on y va le concert reprend sa cadence joie joie voilà
                            c'est reparti ça se suit
  
                           
                          ... 
                            
                          Philippe Sollers, Paradis, Seuil, Points n°P879 
                          Paradis 2, Gallimard, Folio n°2759 
                            
                          
                          
                          
                          Sollers au Paradis (extrait) réalisé par Jean-Paul Fargier, 1983 
                            
                            
                            
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