Philippe Sollers
 

Le secret de Rodin

 

Mes dessins sont un peu français du dix-huitième siècle mais toujours avec un fond de formes qui touchent au grec.

 

Rodin, lettre à Rilke, 1907

 

La figure que j’ai commencée est un peu bacchante et tient un vase (petit) dans une des mains. C’est le mouvement d’ivresse d’une sainte Thérèse aussi, mais nue.

C’est une chose admirable d’ivresse.

 

Rodin, lettre à Mme X.

 

 

Maintenant j’ai fait une collection de dieux mutilés… Ce sont des morceaux de Neptune, de femmes déesses.

Et tout ceci n’est pas mort, ils sont animés, et je les anime encore plus, je les complète facilement, en vision, et ce sont mes amis de la dernière heure, tous de la belle époque grecque, car ils viennent de la Grèce.

 

Rodin, lettre à Hélène de Nostitz, 1905

 

  Auguste Rodin, Mains sur un sexe

 

 

   On en parlait, on savait qu'ils étaient là, quelque part, on en avait vu certains ici ou là, mais il était difficile d’imaginer qu’ils étaient groupés en masse offensive, harmonique, formant une percée sans équivalent dans la représentation des corps.

   Les voici donc, ces dessins, et je crois qu'il faut les imaginer comme le vrai jour des sculptures répandues un peu partout dans la nuit, comme la vraie lumière d’une chambre noire révélant la signification des bronzes et des plâtres tordus dans les musées, les jardins, les rues. À quoi pense Le Penseur ? À ça. Que contemple, enfermé en lui- même et rejeté en arrière, le Balzac ? Ça. Sur quoi ouvre la Porte de l’Enfer? Sur ça. À quoi rêve Hugo sans pouvoir le dire ? À ça. D’où sortent tant de bustes, de mains, de jambes et de gestes, de visages tendus, de couples musculeux, de demi-dieux ou de déesses emportées ? De ça. De ces femmes uniques, au pluriel nu, en situation extrême. Découvrant en mouvement leur sexe, le désignant et le profilant, l’imposant de face, Méduse enfin affrontée et vaincue par au moins un explorateur ou criminel de fond, encore un Français comme par hasard, concentré, obstiné, au milieu de la régression générale, atelier réservé, convenances dehors, en pleine action dedans, on ne pourra évidemment montrer le résultat que beaucoup plus tard.

   Le cœur de la question.

   Courbet, Delacroix, Manet, Rodin, Picasso, Matisse? Bien sûr, bien sûr. Et beaucoup de choses s'éclairent. Et il devient aisé de s’y retrouver, par exemple dans l’affaire Claudel, héroïque Camille confrontée à ce déchaînement sans faiblesse. La clé de la troisième dimension phallique, ce sont donc ces femmes (uniquement des femmes) en deux dimensions et demie, ouvertes. Femmes entre elles, même s'il n’y en a qu’une. Le corps de Rodin, sa signature, sa confidence autobiographique, son identité, c’est ce qui vient en plus, invisible, à distance, par rapport à ces bacchanales de papier. Si vous vous situez exactement face à ces feuilles lubriques, vous êtes Rodin. Pas facile.

   La grande stratégie serait la suivante : on va pétrifier tout le dehors saisi dans son mouvement. Et puis on va glisser, là, le privé, le dedans, comme une chair vivante, avec sa cible directe.

   Sculpture et dessin, donc : pas de peinture qui serait un compromis. Les deux bouts de la chaîne poussée à bout. Les pôles. Le réel touché à son comble, vous mettant en compétition avec la physique même du Créateur.

 

   Avec l’hôtel Salé-Picasso, l'hôtel Biron-Rodin fait définitivement de Paris la ville mystère. Sade, Baudelaire et Proust approuvent cette construction. Vous qui entrez dans Paris, perdez toute espérance d'en apprendre davantage ailleurs. C'est ici, et ici seulement, qu'on étudie de près la Luxure. Laissez-vous enfermer dans le Musée la nuit. La tour Eiffel et les Invalides vont vous chuchoter dans l’ombre des tas de bruits vénéneux et crus. Le Serpent est là. Le Paradis perdu, on va vous expliquer pourquoi il peut être retrouvé à l’envers. Dante ? Milton ? Il suffit pour les radiographier de prendre la matière en main, sans dérobade. Rodin se dévoue. Il a vu.

   Ne pas oublier CONTRE quoi tout cela se fait : l’ambiance, le journalisme, la folie puritaine, le refoulement toujours stable sous ses déguisements temporels, reine Victoria, modern style, 1900 décoratif, politique ou publicité d’aujourd’hui. Et POUR quoi : garder l’objectif en vue, dans un océan de mensonge. Ces incisions positives sont là pour dégager la très précieuse substance interdite, l’hormone auto-érotique qui donne droit à la consommation immédiate de l’ensemble des femmes possibles valant pour tous les autres corps dressés, modelés, fondus. Le vieux Rodin? Le vieux Picasso ? Le vieux Matisse ? Les voici en train de casser la loi des lois, le préjugé biologique. Ils n’ont jamais été plus jeunes, ou plutôt : la jeunesse satyrique ne s'obtient que par cette délégation d’une énergie enfouie, sans âge, au crayon, au pinceau. On ne devient pas un dieu comme ça. La « jeunesse », le plus souvent fade, inhibée, n’est que l’ombre de la divinité jouable. Quand Rodin délivre Iris, messagère des dieux, il ne va pas la chercher ailleurs que sur son divan opératoire. « Un dieu, dit Épicure, est un animal indestructible et heureux. » Rodin, comme après lui Picasso et Matisse, sait pourquoi et comment il est devenu très tard un animal indestructible et heureux. 

   Quand on pense à la réputation légendaire du Torse de Courbet, tableau brûlant pour collectionneurs, on est stupéfait de découvrir ici que la répétition peut avoir lieu, que le mythe de « l’origine du monde » (l’origyne de l’un des aspects du monde) est une question d’habitude, bref que toute la mythologie peut être saisie dans son creuset dérobé :

 

   Mon crime, c’est d’avoir, gai de vaincre ces peurs

   Traîtresses, divisé la touffe échevelée

   De baisers que les dieux gardaient si bien mêlée...

 

   J’imagine que Mallarmé parle ici de l’après-midi d’un faune appelé Auguste Rodin. N’espérons pas que ce message, pourtant évident, sera jamais déchiffré par Sartre. Le protestantisme féministe peut prendre ici, a contrario, son envol. Ne comptons pas non plus sur le temps pour éclairer ces ébats. Le temps, c’est toujours un rêve androgynal, un calcul sur la réconciliation sexuelle, la recherche du temps perdu est occupée par cette énigme. Que faisait donc Albertine avec ses amies? Ça. Et, ici, plus de temps : l’aiguille magnétique s’arrête. Âge d’or.

 

   Je les ai donc toutes étalées là devant moi, ultime récapitulation à plat. On n’a rien oublié ? Non, voici les coutures. L’esprit des vases grecs se déploie. Cheveux, chemises, étoffes et poils, crayon mêlé d’eau, délavage et pourriture virtuelle, esquisse de traits enfouis. Nous sommes dans la traversée des âges. Les hommes changent, les femmes, fondamentalement, jamais. C’est d’ailleurs pourquoi, sans doute, il faut les changer sans cesse, les femmes, par l’habillage, la mode, les images, pour oublier ce fond illicite et insoutenable. C’est aussi pourquoi, comme Proust l’a si bien senti, l’homosexualité mâle n’est qu’un dialecte de l’homosexualité femelle, il conviendrait d’user d’un autre mot, en réalité, pour la roue narcissique qui tourne à travers ces ventres, ces cuisses, ces reins.

   Rodin, à la ligne, au ciseau, les découpe. Il les couvre un peu de crayonnage animé, il les distingue bien de l’espace, comme des apparitions ou des marionnettes. Elles sont en jeu. Les voici dos à dos, mais aussi comme une bête à un dos, visage renversé, nuque, il y a une continuité qui surgit, une va devenir deux, une est toujours plus ou moins deux, les bras et les seins appartiennent à la même courbe. Les branleuses, plus populaires, ont des mains venues d’ailleurs. La main qui retrousse, celle qui entre, l’effacement du visage, le pied en plus, la rotule, tout indique une crise qu’il faut saisir dans l’instant. Il y a un découpage dans le découpage, une fluidité qui implique une jambe à l’intérieur de la jambe, et si l’une d’elles écarte carrément les cuisses, c’est pour que la figure s’évase, que le bras devienne à peine une mèche. Les choses sont plus dramatiques, n’est-ce pas, que chez Fragonard. Il y a eu une révolution, sans doute. Les enlacements sont à la fois beaucoup plus secoués, négatifs, et beaucoup plus anciens, néréides naines ou géantes polluées à l’eau, à la rouille, bouches ouvertes, anges ou poupées violées. Un œil éteint, parfois, surpris dans l’enfoncement du plaisir, dit l’intensité de la scène. Cela se passe pourtant rue de Varenne, chaque jour, au 77.

   Une bacchante, une courtisane, une coquille, une araignée, une constellation, une Danaé - puis Satan, le Diable en personne. Avec sa vibration et son fouet. Il y a un tremblement, un tressautement, des étincelles, un courant de possession furieux et pourtant serein. Assises, allongées, emboîtées, elles tournent. Rodin, jupitérien sous forme d’une pluie d’ondes, les pénètre de toutes parts, ces mortelles ou demi-mortelles, il se situe exactement à l'intersection de leur jouissance et du trait. Il est donc à la fois présent et absent de la séance, d’autant plus présent qu’il y est absent.

   S’il fallait en choisir une, ce serait le numéro 6187.

   En regardant, j’écoute L’Enlèvement au sérail, de Mozart.

 

Rodin, Dessin érotique 6187

 

   Il est debout, Rodin, ou à genoux, ou allongé à côté d’elles. Il s’écarte, il les encourage, il revient. Quel musicien ! Quel metteur en scène ! Elles lui montrent à lui ce quelles ne montrent à personne. Leur vraie nature. Leur gratuité emballée. Il se penche. Il les mélange. Il leur demande de se masturber, et sans faire semblant. De faire l’amour entre elles. D’y aller franchement dans la désarticulation et la convulsion. Il note leurs spasmes. On n’a jamais vu ça. Il ne faudra rien moins qu’un pilier de Notre-Dame pour faire contrepoids. Ou alors des mégatonnes de philosophie allemande. Il les exalte. Il les retourne. Il les noie. Il leur fait des électrochocs. Néréides, nymphes, naïades ? Oui, oui, mais d’abord des solides bourgeoises quotidiennes ou des filles du peuple, se pressant chez lui et soudain habitées par la chose. C’est Dionysos à Paris, dans le septième arrondissement, à la barbe des policiers du pouvoir. Il y a de tout : jeunes filles hypocrites transformées en putains expertes, mères de famille projetées les unes sur les autres, femmes du monde exhibant leur trivialité, danseuses enfin employées, blanchisseuses changées en déesses. Elles vont chez Rodin comme au bordel. Si ces dessins pouvaient parler ! Mais voici, ils parlent. Gémissements, cris, chuchotements, obscénités, murmures... Je dis que ces prises de vues sont sans précédent? On me répond Inde, tantrisme ? Mais rien à voir. Rodin sait qu’il est en plein péché radieux. Qu’il montre une vérité à jamais défendue, une fleur du mal. Le serpent est là, et il ne craint pas, tranquillement, d'écrire lui-même, de sa belle graphie légère : le diable. Jeunes filles, mères de famille, femmes du monde, danseuses, blanchisseuses, il faut les imaginer sortant de chez Rodin. Moi ? Comment ça ? Une séance de pose ? Pour l’art ! Mais non, qu’est-ce que vous allez imaginer ? Rien du tout... Elles rentrent chez elles. Elles dînent en ville. Elles retrouvent leurs amies, leurs enfants, leurs maris. Leurs parents ne remarquent pas leur air rouge. Aujourd’hui, on les verrait habillées par Saint-Laurent. Elles auraient souvent leur photographie dans les magazines de mode. Certaines sont des vedettes connues. D'autres, de simples secrétaires. Rodin est un Barbe-Bleue, il a son boudoir expérimental. Il s’approfondit la vue, voyez-vous. Michel-Ange aussi avait ses graffiti. Vieille tradition Pompéi. Mais, rue de Varenne, c'est autrement subversif. Il s'agit de la torsion phallique en elle-même. Uniquement révélée par cette gamme de femmes, après exposition de leur autofonctionnement cadré, de leur sexe considéré comme pile nodale.

 

   Tout cela ne serait rien, évidemment, si l’effet n'était pas d’une prodigieuse beauté. Cette beauté, selon moi, vient non seulement de la force et de l'intuition du dessin, non seulement de l’audace du geste global, enveloppant et nerveux, mais aussi du fait qu’une langue oubliée parle dans ces formes. Rodin et Les Fleurs du Mal. Les voici. Et comment ne pas entendre Femmes damnées devant ces poèmes plastiques ? Comment ne pas les écouter comme autant de « pièces condamnées » ? Censurées, elles le sont davantage que par un tribunal du dix-neuvième siècle. La société est une grande famille, une soucieuse école et, de même qu’il existe un ressentiment national contre Rodin (n’a-t-il pas abîmé Camille ? n'a-t-il pas été trop bestial à travers ce jugement dernier que constitue la sculpture pour des corps passagers ?), de même on se garde bien de comprendre ce que veut dire Baudelaire quand il parle de « filles aux yeux creux ».

 

   Lesbos, où les baisers sont comme les cascades

   Qui se jettent sans peur dans les gouffres sans fonds,

   Et courant, sanglotant et gloussant par saccades,

   Orageux et secrets, fourmillants et profonds [...].

 

   Les dessins de Rodin « orageux » et « fourmillants » ? Il suffit d’oser les regarder appliqués à la réalité même. Des baisers « chauds comme les soleils, frais comme les pastèques » ? Voilà, n’est-ce pas, comme le disait drôlement Baudelaire, avec sa lucidité habituelle, de quoi faire froncer l’œil du « vieux Platon ». Autrement dit, de la République officielle et secrète. Laquelle doit éviter, le plus possible, ces douteuses révélations :

 

   L’âpre stérilité de votre jouissance

   Altère votre soif et roidit votre peau. 

  

   Ou encore :

  

   Elle cherchait dans l’œil de sa pâle victime

   Le cantique muet que chante le plaisir.

 

   Mais tout Baudelaire serait à citer, à commencer par ce vers qui a l’air écrit de l’intérieur du sujet :

 

   Sur ce teint fauve et brun le fard était superbe !

 

   Torsion et couleur des syllabes... Comme une bacchante en train de se caresser, de Rodin.

 

   Qui est-il donc, ce Faune, pour obliger les femmes à se désirer elles-mêmes ; à venir se dénuder, s'offrir, se toucher, se contorsionner devant lui ? À jouir en sa présence enregistreuse et double ? À se proposer dans tous leurs états ? À ne pas pouvoir dissimuler, dirait-on, la crise permanente qui les ronge ? Il s’agit, bien entendu, d'un sculpteur de génie, d’un as du modelage — d'un homme de mains —, mais encore ? Pourquoi les femmes, comme des somnambules frénétiques, doivent-elles converger vers ce point ? Quel point ? Car il n’est pas question, ici, de faire de Rodin, même si c’était le cas, un homme à bonnes fortunes, un maniaque sexuel, appelant sur lui, presque mécaniquement, ses ménades. En peinture, surtout avec Picasso, nous savons jusqu’où la situation du peintre et de son modèle peut finalement aller : la toile est crevée, le paysage ou l’atelier sens dessus dessous, le peintre et sa femme nue s'étreignent dans l’acte du pinceau qui s’incarne. Avec Rodin, rien de tel : il n’est pas là, on l’a dit, aucun homme n’est là ni ne sera là. Il est exempté de jouer un rôle apparent dans la partition physiologique. Ce sont d’elles-mêmes qu’elles semblent, les femmes, tirer leur aveu irrépressible. À quoi, à qui, ont-elles donc affaire ? Que sentent-elles qui les déclenche avec une telle vérité concrète ? On se dit : le docteur Freud, à la même époque, a dû en voir, et surtout en entendre, de vertes et de pas mûres, sur son divan viennois. Freud qui, justement, comparait sa méthode à la sculpture, via di levare, selon la formule de Léonard de Vinci... Sur le divan parisien, parallèlement, une autre expérience est en cours. Rodin n’est pas médecin : il peuple la troisième dimension, il crée des corps palpables, il fait, comme son grand Balzac enceint, « concurrence à l’état civil ». Il est « au-delà » de l’enveloppe féminine, ce qui revient peut-être au même que de ne plus avoir d’âme, ou, si l’on préfère, de psychisme. Et il peut alors contempler cette incroyable danse de houris, cette ronde hypnotique de transes. Quand je disais qu’une langue oubliée parlait en lui, c’est en pensant, par exemple, à celle-ci, plus proche de Rodin que celle d’Anatole France ou d’André Gide (Claudel, lui, au moins, ressent mieux à travers sa sœur l’étendue du danger) :

   « Livre-toi, Juliette, livre-toi sans crainte à l’impétuosité de tes goûts, à la savante irrégularité de tes caprices, à la fougue ardente de tes désirs ; échauffe-toi de leurs écarts, enivre-toi de tes plaisirs ; n’aie jamais qu’eux seuls pour guide et pour lois ; que ta voluptueuse imagination varie nos désordres ; ce n’est qu’en les multipliant que nous atteindrons le bonheur ; [...] Ne vois-tu pas l’astre lui nous éclaire dessécher et vivifier tour à tour ? Imite-le dans tes écarts, comme tu le peins dans tes beaux yeux. »

   Pourquoi pas, en effet, La Coquille, numéro 5990, comme portrait de la Juliette de Sade ? La jambe gauche, comme une agrafe triomphante, est la même que dans le dessin 6187. Il faut imaginer ce qui se passe de l’une à l'autre.

  Auguste Rodin, La Coquille, numéro 5990

  

   On trouve ceci dans les strophes indiennes de Samkhya :

   « Rien n’est plus pudique que la Nature qui, s'étant dit : " J’ai été vue ", ne s’expose plus jamais au regard de l'Esprit. »

   Et encore :

   « L’un (l’Esprit) se désintéresse comme un spectateur (après le spectacle), l’autre (la Nature) se retire, comprenant qu'elle a été vue (par lui). En dépit de leur contact, il n’y a plus de motif à la création. »

   Ces dessins m’évoquent la même situation métaphysique. Leur liberté a quelque chose d’absolu.

 

   Rodin meurt en 1917. À l’horizon de ce qui se montre ici pour la première fois, il y a deux guerres mondiales et des destructions inouïes. Le secret de Rodin, caché dans ses cartons, vaut pour tout le passé et pour n’importe quel futur. Ce secret, c’est le nôtre. 

 

 

 

PHILIPPE SOLLERS

La Guerre du Goût

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