Philippe Sollers

Festival de bons mots entre Hollande et Sollers à l'Élysée

 

Source AFP

 

16/02/2017, Le Point.fr

 

 

François Hollande, Philippe Sollers, Remise des insignes d’Officier de l’Ordre National du Mérite à Philippe Sollers, Palais de l’Élysée, 15 février 2017, photo Sophie Zhang

 

François Hollande, Philippe Sollers, Remise des insignes d’Officier de l’Ordre National du Mérite à Philippe Sollers, Palais de l’Élysée, 15 février 2017, photo : Georgi K Galabov

 

 

 

 

 

Ce fut un grand moment culturo-mondain à l'Élysée, de ceux qui ont dû égayer le morne quotidien du « spectre » du château : l'écrivain Philippe Sollers s'est vu épingler au revers de son veston par François Hollande l'ordre national du mérite 20 ans après que Lionel Jospin, Premier ministre, l'a fait officier. « Vous vous méfiez de tous les pouvoirs et vous avez pensé que le mien, s'achevant dans quelques semaines, vous permettait de ne rien risquer », s'est amusé le chef de l'État devant une quarantaine de personnalités venues pour la plupart du monde des lettres, académiciens ou compagnons de route des éditions Gallimard.

 

Dans un clin d'oeil, « sans lien avec l'actualité », François Hollande a rappelé que son hôte n'avait « jamais repris l'usine de casseroles » familiale.

Le président, adepte du mot d'esprit, a emprunté à son hôte cette formule : « Celui qui ne sait pas rire n'est pas pris au sérieux. » Se souvenant que Sollers écrivait des billets dans la presse, il a déploré que ce ne soit plus le cas : « Maintenant, ce sont des humoristes qui ont pris votre place, ceux qui le sont officiellement et ceux qui l'ignorent officieusement », a lancé François Hollande, décidément en verve.

 

« France moisie »

 

Puis, plus sérieux, le chef de l'État a rappelé qu'en 1999 Sollers signait une tribune restée fameuse : « La France moisie ». Elle avait déchaîné les « critiques de ceux qui s'y étaient reconnus, ceux qui cultivaient « la détestation (...) des Allemands, des Anglais, des juifs, des Arabes, des étrangers en général, de l'art moderne, des femmes trop indépendantes ». « Cette idéologie, nous la reconnaissons, elle est là, elle est aux portes, c'est une crispation identitaire, la mise en scène du déclin », a-t-il enchaîné dans une allusion à la montée des populismes et du Front national.

Philippe Sollers, 80 ans, soit, selon ses calculs, « 42 millions de minutes et 43 milliards 200 millions de battements de cœur », a déclaré : « je ne suis pas du tout d'avis que cela finisse. » Puis il s'est souvenu de son enfance bordelaise quand il écoutait clandestinement Radio Londres et ses messages personnels et poétiques : « J'aime les femmes en bleu, je répète, j'aime les femmes en bleu. »

 

Sous les ors de l'Élysée, il a rendu hommage aussi à François Mitterrand, « président de la République bien inspiré » qui avait voulu se « faire le propriétaire » des Essais de Montaigne, tenant l'ouvrage dans sa main sur sa photographie officielle. « Je continue et j'ai une foi définitive, absolue, dans la littérature », a conclu l'auteur au côté de son épouse Julia Kristeva.

(AFP)

 

 

twitter
rss